Niché dans le parc Tournay-Solvay, le château, en ruines depuis l'incendie qui l'a ravagé en 1982, va enfin retrouver de sa superbe. Restauré dans le respect des parties classées, il sera complémenté en toiture d'une intervention architecturale imaginée par MA2.
Bâtiment classé situé en zone verte Natura 2000, le château Tournay-Solvay abritera, outre un refuge pour chauve-souris, le BEL (pour Brout-Englert-Lemaitre), un centre d'excellence interuniversitaire dédié à la physique qui accueillera salles de travail et de réflexion, de réunion, de réception et de conférence. Certains de ces espaces qui correspondent aux besoins et techniques modernes ont pu être intégrés dans le projet via notamment la reconstruction de la toiture disparue, celle-ci ayant faisant l’objet d’une réinterprétation dans un langage contemporain.
Zoom sur ce projet de rénovation
Commandé par Alfred Solvay, ce bâtiment fut édifié en 1880 selon les plans des architectes Constant Bosmans et Henri Vandeveld. A l’origine, il s’agissait d’une maison de campagne de style néo-renaissance ayant acquis ultérieurement le statut de château via l’ajout en 1905 d’une double tour par l’architecte Jules Brunfaut.
Les matériaux en place ayant été identifiés et localisés en vue de leur restauration, la campagne de restauration du château consiste en trois types d’intervention correspondant à la nature et aux états de conservation des différentes parties du bâtiment.
Ainsi l’enveloppe extérieure, dans un état de conservation étonnamment bon, fait l’objet d’une restauration à l’identique. La toiture principale, complètement disparue, est quant à elle reconstituée mais dotée d'une touche contemporaine. L’intérieur de l’édifice, dont les décors et les planchers ont été anéantis, fait l’objet d’interventions subtiles respectant la typologie et l’histoire du bâtiment.
Une enveloppe extérieure en bon état
Hormis la toiture principale disparue, l’enveloppe extérieure du bâtiment est dans un bon état de conservation. Une restauration des éléments conservés est l’unique option envisageable puisque le bâtiment est classé.
La restauration consistera donc en des interventions raisonnables, en concordance avec un principe vieux de plus d’un siècle, qu’on doit à Adolphe Napoléon Didron, anticipant les règles posées par la Charte de Venise : «En fait de monuments anciens, il vaut mieux consolider que réparer, mieux réparer que restaurer, mieux restaurer que refaire, mieux refaire qu’embellir».
Une toiture reconstituée et une extension contemporaine
Le bâtiment ayant été classé en l’état après l’incendie, la toiture n’existait déjà plus. Il était donc théoriquement possible d’imaginer n’importe quelle toiture pour couvrir ce bâtiment
L’ensemble des locaux des niveaux inférieurs étant de taille limitée et ne permettant pas de regrouper plus de quelques personnes, il a paru essentiel d’envisager la salle de conférence pour 50 personnes dans le volume de la toiture d’origine surmontée d’une salle de réunion avec laquelle elle est en lien direct. Au sommet de l’édifice, ce volume permet d’offrir de magnifiques vues sur le parc.
Cette intervention en toiture offre une plus grande souplesse programmatique et s’accorde avec la volonté du maître de l’ouvrage de redynamiser la parc Tournay-Solvay et son château, à l’abandon depuis de nombreuses années.
Ces espaces en toiture autorisent un plus grand potentiel d’aménagement au bâtiment dans le but de le faire revivre tout en assurant la durabilité des lieux. La nouvelle toiture en ardoises ainsi que ses lucarnes reconstituées respectent la matérialité et les gabarits d’origine.
Le nouveau volume contemporain très épuré, en verre émaillé noir, se détache de la toiture reconstituée via un bandeau vitré en retrait qui donne à l’extension un caractère flottant. Le nouveau volume se situe bien en-dessous de la corniche de la tour. Un lanterneau zénithal permettra d’apporter de la lumière dans l’extension. Il sera équipé, comme pour le bandeau horizontal d’un système d’occultation à l’intérieur afin d’éviter toute nuisance envers la faune environnante et notamment les chauves-souris, une espèce protégée.