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Parlement bruxellois

Fenêtre sur le Parlement bruxellois

La restauration des châssis du Parlement bruxellois

Anciennement nommé « Hôtel de Limminghe » et classé en partie depuis le 09 février 1995 par un arrêté du gouvernement de la région de Bruxelles-Capitale, le Parlement bruxellois a fait l’objet d’une importante campagne de travaux, de 2012 à 2016, portant sur la restauration de l’ensemble de ses châssis de fenêtre.

La philosophie d’intervention a eu pour objectif de répondre aux besoins énergétiques en termes d’isolation thermique, d'acoustique et d’étanchéité à l’air tout en préservant les caractéristiques stylistiques et la valeur patrimoniale des châssis d’époque.

En association avec Maison Vervloet

Le châssis de fenêtre, un élément d'identité

S'agissant de restaurer les châssis d’époque du Parlement bruxellois, chaque échelle d’intervention acquiert une importance particulière. Le châssis de fenêtre constitue un élément à part entière et constitutif de la composition architecturale d’un bâtiment. Plus qu’un détail d’architecture, il possède une véritable identité qui contribue à la cohérence et à l’expression architecturale des façades de l’édifice.

Le Parlement bruxellois a pour particularité d’être constitué d’un noyau ancien datant du XVIIIe siècle, et de différentes extensions et transformations greffées au cours des XIXe et XXe siècles. Cette composition crée un ensemble bâti harmonieux malgré les différentes époques qui le composent. Cette stratification architecturale au cours du temps génère la présence d’une grande diversité de châssis et de quincailleries au sein de l’édifice. En effet, les façades situées rue du Lombard et rue du Chêne, ainsi que celles de la Cour d’honneur et des cours intérieures comptent 342 châssis dont les tailles, proportions et modèles de quincaillerie varient selon les époques de construction.

Une méthodologie scientifique

Des études préparatoires à la conservation et à la restauration de l’édifice remarquable ont été menées par le bureau Ma² préalablement à toute intervention. Cette démarche nécessita une approche rigoureuse et scientifique, basée à la fois sur une maîtrise claire des pathologies et sur une connaissance historique précise.

Ainsi l’étude stratigraphique a permis de révéler la présence de 12 à 15 couches de peinture sur les châssis de fenêtre les plus anciens. Cette accumulation successive de peinture, mise en œuvre maladroitement au fil du temps, engendrait une perte de lisibilité du dessin et relief du châssis. Elle entraînait également de nombreuses dégradations du bois (gonflement, fissurations, infiltrations, etc.) en raison des difficultés de manipulation des châssis, que ce soit lors de leur ouverture ou de leur fermeture. Un minutieux travail de ponçage des châssis jusqu’au bois a permis de retrouver une fermeture fluide des ouvrants et de rétablir le relief initial des menuiseries extérieures d’époque.

Inviter l'histoire

Souvent l’architecture et l’histoire sont, à tort, considérées inconciliables. L’histoire de l’architecture établit pourtant un lien fondamental entre l’architecture actuelle et celle du passé. Elle intègre dans notre modernité le processus de création des architectes qui nous ont précédés. 

Une datation 

Dans le cas précis de la restauration des châssis du Parlement bruxellois, le travail de datation a permis de mettre en parallèle les variétés de châssis avec l’époque de leur construction, et ainsi de distinguer les «types de châssis» et les « modèles de quincailleries » y afférents par façades. 

Chaque type de châssis définit un « modèle de référence » correspondant à un profil de menuiserie particulier. Suivant les règles de composition des façades anciennes, le rez-de-chaussée comporte de grandes fenêtres qui se réduisent au fur et mesure des étages. Par conséquent, au sein d’un même type de châssis, on retrouve des dimensions et divisions différentes. Un système de codification a été mis en place pour permettre à tout moment, depuis les premières études jusqu'au chantier, d’identifier la position du châssis, son type, sa taille et son type de quincaillerie.

Un inventaire

Au vu de la diversité des quincailleries relevées sur place, on a pu établir un inventaire détaillé et daté des modèles de quincaillerie présents au sein du bâtiment. Ont été identifiés plusieurs modèles de quincailleries non contemporains à l’époque de construction.  L’intervention a eu pour objet de remplacer les modèles non correspondants par ceux d’époque identifiés comme modèle de référence.

La reconquête de l'identité perdue

Le bureau Ma² a centré le projet de cette restauration  sur la reconquête de l'identité perdue. L'enjeu était d'harmoniser les châssis et leurs quincailleries en concordance et en respect avec leur époque de construction.

Archives, techniques et artisans 

Sur base des documents d’archives et techniques actuelles, les châssis anciens ont été entièrement restaurés. Certains châssis des salons classés ont retrouvé leurs divisions d’origine par l’ajout de petit-bois. D’autres ont été reconstitués à l’identique selon le modèle de référence correspondant à celui d’origine.

Pour les quincailleries qui constituent des pièces d’exceptions, le bureau Ma² s’est entouré de spécialistes et d’artisans maîtres en la matière. La restauration des quincailleries a été réalisé par l’entreprise familiale « Maison Vervloet », leader mondial dans la serrurerie d’art depuis 1905. Objet d'un véritable travail d’orfèvrerie, les quincailleries ont été entièrement démontées en vue de leur restauration. Les parties en laiton ont été nettoyées et repolies. Les tringles peintes ont été débarrassées de leur peinture et ont été teintées en canon de fusil. Les lacunes et parties disparues ont été reconstituées à l'identique sur base du modèle de référence historique d’époque. Les réglages réalisés sur les crémones, pompes, espagnolettes et charnières ont permis de retrouver une fermeture hermétique des châssis d’époque.

Mémoire d'art et d'histoire

Conserver et restaurer les châssis anciens en maintenant leur forme mais aussi en préservant leurs matériaux, assemblages et traces du passé, c’est choisir de donner leur place aux témoins de l’histoire des styles et des techniques. Une restauration correcte vise au maintien de la valeur historique. « Plutôt consolider que réparer, plutôt réparer que restaurer, plutôt restaurer que reconstruire. » telle est la philosophie qui fut menée tout au long du chantier par le bureau d’architecture Ma² et la Maison  Vervloet.

Texte co-écrit avec Anne van Maele

Fiche technique

    • Objet de la mission    Restauration des châssis et quincailleries du Parlement bruxellois
    • Localisation                Rue du Lombard 69, 1000 Bruxelles
    • Destinataire                Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale 

Chantier

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