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Hôpital New Erasme

L'hôpital respire. Le végétal, les ciels et les lumières incisent l'architecture et se nichent là où les contraintes de l'hôpital laissent du jeu.

Si depuis l’aube des temps l’architecture, la philosophie et la poésie ont entretenu des relations étroites, ce n’est pas une tradition de tisser ces mêmes liens lorsqu’il s’agit d’un hôpital. Et pourtant rien n’empêche une structure hospitalière de pointe d’être portée par une architecture pensée comme une respiration, une luminosité, une musicalité qui participent du vivant, du vibrant et d'une relation au monde du dehors comme au monde intime.

Ainsi en va-t-il du projet d’extension et de modernisation de l’hôpital Erasme. A l’origine, l’idée est de créer un pôle de santé publique et académique d'envergure internationale. Initié en 2010, le plan directeur du projet évolue, car il apparaît bien vite que des transformations au sein du bâtiment existant, en activité, occasionneraient d'importantes nuisances et surcoûts. La nouvelle extension, nommée "New Erasme" est alors détachée de l'hôpital existant avec lequel il est par ailleurs relié ainsi qu'à la faculté et au projet "New Bordet". Dans cette perspective, l’implantation de New Bordet est déplacée de 50 mètres pour étendre la surface de l'ensemble du site médical. Cet espace permet d'accueillir à New Erasme les fonctions hospitalières modernises et de répondre aux exigences urbanistiques et paysagères liées á la proximité du site classé Vogelzang.

Projet dessiné en association avec VK Studio & ASSAR Architects

Une vision humaniste  

Dans ces conditions, la liberté autorise les audaces du rêve et de la vision humaniste, greffées sur la rationalité des impératifs fonctionnels. Ainsi le bâtiment supérieur est composé de deux tours reliées  dont les hauteurs sont dégressives. Leur visibilité est immédiate. L'une et l'autre ont des affectations distinctes, lisibles et rationnelles, en particulier la plus haute accueille les patients adultes et la plus basse héberge les enfants, des zones partagées assurant les liaisons. Au regard, la plus haute assure un lien intuitif avec l'ancien hôpital, la plus basse assure la transition avec le niveau paysager. Elles s’élèvent en légèreté et clarté sur un socle massif assurant l'appui visuel et tourné vers le site protégé.

Erigé sur deux étages, le socle avance ses terrasses entrecoupées de jardins vers l'horizon. Transition douce vers le site classé, posé à hauteur humaine, le socle héberge toutes les fonctions publiques. Une promenade court à hauteur des terrasses et unifie les trois entités. La mise en retrait des tours a permis de libérer cet espace, d'alléger la perception d'un volume imposant, d'éviter la sensation d'un écran physique continu entre l'hôpital et la voierie d’accès. Elle invite à sortir des bâtis, à déambuler, s’arrêter aux terrasses, partager. Elle est accessible aux visiteurs comme aux patients depuis l'hôpital et les abords.

Toutes les fenêtres et les couloirs de liaison donnent sur des vues, des perspectives vers le paysage ou vers les patios arborés à l'intérieur du bâti. A partir de chaque chambre, la vue est protégée des autres chambres en vis-à-vis ou des services. L'hôpital respire. Le végétal, les ciels et les lumières incisent l’architecture et se nichent là où les contraintes de l’hôpital laissent du jeu. 

Un hôpital situé

C'est sur une pensée, une vision que s'élabore un projet architectural. Ainsi un hôpital n'est pas inséré de la même façon dans son environnement selon qu'il est "déposé" ou "situé". Les conceptions architecturales diffèrent en fonction du traitement de l’implantation. Diffère aussi le regard porté sur le soin. 

Une option, focalisée essentiellement sur la fonction, serait de concevoir un hôpital idéal selon le modèle d'une machine opérationnelle et économe. Une fois élaboré, il serait "déposé" et par la suite adapté en différents lieux. 

New Erasme répond à une ambition différente. C'est un hôpital contextuel "situé", en d’autres mots ancré en un seul lieu. Le geste architectural est alors compris comme un rapport entre un lieu et un programme à un moment donné. Le programme est connu, il inclut les missions, les moyens et les techniques visant à la modernisation de l’hôpital. 

Le défi de New Erasme est de déborder la situation de départ, caractérisée par deux éléments essentiels : 

1. Le lieu est particulier, la surface à bâtir est délimitée en arrière par l'hôpital existant en forme de croix et à l'Ouest par le projet New Bordet. Le terrain est exigu, l'implantation en pente et l'orientation Sud se déploie vers le site protégé.

2. L'image, l'impression que donne le site Erasme existant est peu lisible. On pourrait dire qu'on se perd partout, qu'il n'y a pas de "lieu" sur le site Erasme, pas de représentation d'un morceau de vie, pas de signes déchiffrables d'humanité, mais une accumulation de bâtis dont le vide n'est jamais construit, l'espace interstitiel jamais pensé. 

New Erasme se propose d'être un hôpital pensé avec des rues, des places, des perspectives, des parcs, une jetée, des vues. L'ambition du projet est d'y inscrire un supplément d'âme et d'art, un morceau de ville et de vie, serti dans un contexte. La question devient: comment un hôpital peut se nourrir d'un lieu.

L'ambition du projet est d'y inscrire un supplément d'âme et d'art

Le lieu, comme un visage, impose ses traits et se donne à lire: le terrain est en pente, le deuxième étage à hauteur d'horizon ouvre ses balcons donnant sur le paysage protégé. S'y ajoute une promenade en plein air courant de bout en bout de la façade, une digue de 210 mètres, où patients et visiteurs déambulent devant les lumières changeantes du Vogelzang. A chaque extrémité un escalier invite les promeneurs à s’acheminer dans le site protégé. Descendre dans un lieu guérisseur, partageur. 

Sur la ligne du temps 

Dans un lieu déterminé, le bâtiment est implanté, les volumes et les choix esthétiques sont ancrés, le site protégé a devant lui sa durée. Mais le programme évolue, les missions, les fonctions, les techniques de demain sont au-delà du visible, parfois du concevable. L’hôpital est amené à changer, se moduler, s’ouvrir ou se cloisonner, occulter ou éclairer ses cellules intérieures. Ainsi les fenêtres au rythme régulier. Elles se déclinent par une ou par deux ou davantage selon les fonctions et le confort souhaité pour les équipes, les techniques, les patients. Les espaces de demain et les chambres individuelles en demande croissante peuvent être créés de façon variée dans le volume existant. La plupart sont percées, vitrées, alors que d’autres rompent le rythme de façon aléatoire : aveugles, elles sont creusées dans la masse en attente d’ouverture lors des besoins ultérieurs. 

Comme une symphonie

L’image première est celle d’une épure, deux blocs de marbre en clarté et vibration, leurs hauteurs dégradées s’élèvent en apesanteur. A leur base un clavier aux touches sombres entrecoupées de jardins, le tout séparé par une digue aérienne, transparente, reliant d’une ligne de lumière résolument nue l’ensemble du bâti sur 210 mètres, le creusant comme une lame d’air, le projetant vers le site protégé. 

Une façade musicale, symphonique, élaborée sur une partition jouant de tous les feux.
 

Qu’en est-il ? L’illusion de marbre est créée par des éléments de béton architectonique colorés dans la masse. Ils varient en dimensions, en formes et en teintes. Disposés suivant un algorithme, ils font vivre la vibration, renforcée encore par la pause décalée des joints. Dans ce jeu de miroitement, les reflets des fenêtres verticales, barrés par les ombres des niches aveugles, ponctuent la symétrie et le rythme. Une façade musicale, symphonique, élaborée sur une partition jouant de tous les feux.

L’importance des ouvertures est telle que la lumière naturelle joue et se joue des variations de teintes et matières, des lumières et des ombres, des reliefs inscrits sur toute la longueur de la façade comme le renfoncement de la digue ou le surplomb des premiers étages. La tour la plus élevée est trouée par deux vastes patios, puits de lumière aménagés en jardins. Un îlot central et deux couloirs assurent les liaisons entre les unités de soins. La densité du bâtiment en est allégée, la lumière du jour s’invite à tous les niveaux. Toutes les fenêtres des chambres sont dotées de vues et d’horizon, qu’elles donnent vers l’extérieur ou l’intérieur du bâtiment. Les couloirs et les passerelles sont largement vitrés, chaque extrémité est ouverte sur une perspective visuelle. Ici les pas ne conduisent pas vers le mur mais vers la vie, ses ressources, ses énergies et ses rêves.

A. van Maele, F. Metzger

Fiche technique

  • ObjetConstruction d'une extension de l'hôpital Erasme : le New Erasme
  • ProgrammeSite médical avec fonctions hospitalières 
  • CollaborationProjet dessiné en association avec VK Studio & ASSAR Architects
  • Maître de l'ouvrageULB - Cliniques Universitaires de Bruxelles - Hôpital Erasme, université de droit privé
  • PhasePermis d'urbanisme
  • Superficie88 000 m2
  • Montant250.000.000 €
  • LocalisationParc Tournay-Solvay, 1160 Bruxelles

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